mardi 29 mars 2016

LUDOVINE REPOND A SARKOZY SUR LA GPA

Par Edouard in JDD

GPA : la "Manif pour tous" prend à partie Sarkozy


TRIBUNE - Ludovine de La Rochère est présidente du mouvement "La Manif pour tous". Elle réclame "l'abolition universelle de la GPA" et interpelle à ce sujet Nicolas Sarkozy après ses récentes déclarations dans des "médias chrétiens" : elle lui reproche ses "évolutions ou révolutions".

"La France devrait prendre une initiative internationale pour que les pays qui autorisent la gestation pour autrui la réservent à leurs nationaux." Ces propos tenus cette semaine par Nicolas Sarkozy lors d’un entretien accordé à des médias chrétiens sont inquiétants. Car cette posture revient ni plus ni moins à accepter la pratique des mères porteuses dès lors qu’elle est pratiquée dans d’autres pays. Or, face à ces formes nouvelles d’exploitation des femmes et de trafic d’enfants, il n’est pas envisageable de fermer les yeux. La politique implique en principe d’avoir une ambition. Et en la matière, le seul objectif conforme aux droits humains est de viser l’abolition universelle de la gestation par autrui (GPA). Car la dignité de la femme n’a pas de frontière, tout comme le droit de l’enfant de ne pas être séparé de sa mère pour être donné ou vendu. Ce qui est inacceptable dans l’hexagone l’est tout autant dans des pays émergents où les usines à bébé sont un scandale intolérable.

Dans un monde en crise, dans une société instable, il nous faut plus que jamais des responsables politiques à la hauteur des enjeux, constants et cohérente . Mais quel crédit accorder à un prétendant à l’Elysée dont les propos et positions connaissent des (r)évolutions au fil des mois? Comme le rappelait justement Nicolas Sarkozy lors d’un meeting le 15 novembre 2014, "il ne sert à rien de se déclarer opposé à la GPA sans avoir le courage de réviser la loi Taubira".

Dans notre code civil, comme partout ailleurs, le mariage entraine la filiation. Le mariage "pour tous" permet donc aussi aux couples de même sexe d’adopter. De très nombreux Français l’ignorent encore. Or, les sondages le montrent : ils sont majoritairement opposés à l’adoption par deux hommes ou deux femmes. En outre, il y a très peu d’enfants à adopter (25 000 couples agréés pour moins de 3.000 adoptions au total par an). Ne pas oser revenir sur la loi Taubira, c’est donc accepter de facto la "fabrication" volontaire d’orphelins de père via la procréation médicalement assistée (PMA) "sans père" pour les couples de femmes ou les célibataires, et d’orphelins de mère via la GPA. C’est aussi confondre paternité et maternité, père et mère, comme s’ils étaient interchangeables et remplaçables.
En maintenant l’adoption par les couples de même sexe et en refusant de s’exprimer sur la PMA "sans père", Nicolas Sarkozy encourage le droit à l’enfant au nom de la volonté d’adultes de "faire famille". Il se laisse bercer par le courant d’un prétendu "sens de l’histoire". Il ne manifeste qu’une opposition a minima à la GPA puisqu’il ne précise même pas comment il compte procéder et n’ambitionne pas son abolition universelle. À tout cela s’ajoute l’inconstance de ses prises de positions qui a déjà été soulignée à de multiples reprises. Aussi, après avoir abandonné le mariage, l’adoption, après son silence sur la PMA "sans père", combien de temps tiendra-t-il sur la GPA?

Les mois à venir devraient être riches d’enseignements. Bon nombre de candidats aux futures échéances nationales cherchent à se définir une posture la plus crédible possible sur ces enjeux humains. Outre leur opposition à la GPA quel que soit le couple commanditaire et où qu’elle soit pratiquée, beaucoup sont clairs sur leur refus de la PMA "sans père". Et l’adoption pour les couples de même sexe, qui revient à priver un enfant de son père ou de sa mère, est loin d’être soutenue par tous. Certains prétendants à la primaire sont connus pour s’être très clairement engagés lors des débats sur la loi Taubira. Et ils ne sont pas les seuls : d’autres, comme François Fillon, semblent prêts à assumer le respect de la filiation père-mère-enfant. De fait, la révision de la loi Taubira reste un sujet de débats forts dans les rangs des Républicains. Ainsi, la question n’a cessé de planer tout au long des deux jours de leur dernière convention nationale de la mi-février à Paris.

Lors des régionales, les candidats des Républicains les mieux élus sont ceux qui ont eu le courage de réaffirmer, lors des meetings organisés par La Manif Pour Tous pendant la campagne, leur opposition claire à la PMA "sans père" et à la GPA, et donc leur volonté de revenir sur la loi Taubira. Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau ou encore Xavier Bertrand ont bien compris l’attente de leur électorat sur ces sujets de société. D’ailleurs, le tripartisme actuel s’explique notamment par le soutien du Front National à la famille fondée sur la filiation père-mère-enfant, tandis que des candidats de la droite et du centre sont manifestement tentés d’abandonner les droits et besoins de l’enfant pour courir derrière le politiquement correct et le communautarisme.

Pour les politiques, l’heure est venue de répondre aux attentes exprimées avec calme et détermination par les familles depuis trois ans et demi. Et s’il faut retourner battre le pavé pour se faire entendre, elles y sont prêtes. Après un quinquennat marqué par la volonté affichée de nier la réalité de l’humanité et l’intérêt supérieur de l’enfant, de bouleverser la civilisation en s’attaquant de toutes les manières possibles à la famille - cellule de base de la société, premier lieu de solidarité, plébiscitée par les Français -, il nous faut plus que jamais des dirigeants politiques crédibles. Et d’autant plus que s’il manque de courage dans ce domaine, qui peut croire qu’ils en auront pour d’autres enjeux urgents comme le chômage et le terrorisme?


Ludovine de La Rochère

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