mercredi 3 février 2016

LES ASSISES POUR L'ABOLITION UNIVERSELLE DE LA GPA DEPASSENT LES CLIVAGES POLITIQUES

Par Edouard in Le Figaro.fr


GPA : s'y opposer n'est ni de droite, ni de gauche


FIGAROVOX/ANALYSE - Les opposants à la GPA, de droite et de gauche, se retrouvaient aujourd'hui à l'Assemblée Nationale. Pour Aude Mirkovic, cette réunion démontre que l'opposition à la GPA transcende les clivages politiques traditionnels.

Aude Mirkovic est maître de conférences en droit privé et porte-parole de l'association Juristes pour l'enfance.

La tenue aujourd'hui à l'Assemblée Nationale des Assises pour l'abolition universelle de la maternité de substitution (GPA) est un des évènements récents qui manifestent combien les lignes et les fractures entres gauche ou droite, savamment entretenues pour donner l'illusion de l'existence d'un débat d'idées en France, sont en train de se fissurer et même de voler en éclat.

La manifestation d'aujourd'hui intervient à l'initiative de diverses associations féministes, dont l'objectif est de dire pourquoi cette pratique est intolérable et étudier les possibilités d'action en vue d'une abolition. C'est exactement et presque mot pour mot le but du mouvement lancé autour de la pétition «No Maternity Trafic», adressée par l'Union Internationale pour l'abolition de la gestation pour autrui au Conseil de l'Europe pour qu'il s'engage en ce sens. Cette union regroupe des associations nationales et européennes dont les plus connues en France sont Alliance VITA, La Manif Pour Tous ou encore l'Agence Européenne des Adoptés. Mais les termes de cette pétition auraient fort bien convenu aux signataires d'une initiative comparable, lancée à l'échelle internationale par des personnalités dites en majorité de gauche et visant à l'arrêt immédiat de la GPA, Stop surrogacy now!
    
Au-delà des clivages politiques dans lesquels certains feignent de trouver un contenu à leur absence de convictions, c'est une vision de l'être humain qui est en jeu.


De droite, de gauche, du centre et de partout s'élèvent ainsi des personnes qui poursuivent un but commun: protéger la dignité humaine en dénonçant une nouvelle forme de traite des êtres humains cyniquement enrobée de bons sentiments, la gestation pour autrui, qui n'est rien d'autre que la location des utérus et l'achat des enfants.

Au-delà des clivages politiques dans lesquels certains feignent de trouver un contenu à leur absence de convictions, c'est une vision de l'être humain qui est en jeu. La question posée est claire: y a-t-il une limite à la réalisation des désirs des plus forts, des plus riches? L'être humain, et plus précisément les femmes et les enfants, peuvent-ils être utilisés comme moyens pour satisfaire ces désirs?

Les opposants à la GPA s'engagent parce que les êtres humains ne sont pas des objets, ni à donner, ni à louer, ni à vendre, et chacune des associations impliquées pourrait faire sien ce slogan glané sur le site de l'une d'entre elles.
    
Dans ce marasme intellectuel, le développement de la GPA, déplorable en soi, apparaît comme l'occasion d'une rencontre inattendue, voire inespérée, entre des personnes de tous bords soucieuses de promouvoir le respect de la dignité de l'être humain

Sur bien des sujets, cruciaux pourtant, la confrontation des idées laisse hélas encore souvent la place à des anathèmes lancés par les uns et des amalgames volontairement entretenus par d'autres. En particulier, la promotion de la famille fondée sur la réalité et non sur les seuls désirs est souvent disqualifiée d'entrée. Mais, dans ce marasme intellectuel, le développement de la GPA, déplorable en soi, apparaît comme l'occasion d'une rencontre inattendue, voire inespérée, entre des personnes de tous bords soucieuses de promouvoir le respect de la dignité de l'être humain, de tous les êtres humains: des féministes de toujours qui constatent que la promotion à outrance de droits individualistes mène jusqu'à l'asservissement de femmes pour fabriquer des enfants pour les autres, les promoteurs de la famille décomplexés après s'être comptés par millions lors des grandes manifestations de 2013, en passant par des écolos qui réalisent qu'il est incohérent de rejeter les OGM de son assiette si c'est pour trafiquer des bébés dans des éprouvettes.

Les cartes sont désormais redistribuées de façon assez intéressante et les clivages soigneusement entretenus entre progressistes et conservateurs volent en éclat sur ce sujet de la GPA
. Ces rencontres surprenantes apportent la preuve réconfortante que la réalité, un jour où l'autre, transcende les partis et les tendances et qu'il est possible de parvenir à une même conclusion frappée du coin du bon sens par des chemins pourtant fort différents.

Il est certes dommage qu'il ait fallu une menace aussi grave que le business des grossesses et des bébés pour promouvoir le souci du bien commun au-delà des clivages traditionnels et des partis. Il apparaît en tout cas qu'il est possible de refaire l'unité autour d'une vraie préoccupation pour l'être humain, certes ponctuelle, et cantonnée pour l'instant à la question de la GPA. Il ne reste plus qu'à dresser des ponts pour que l'effet GPA fasse tache d'huile, et que les bonnes volontés issues d'horizons divers osent enfin peser, ensemble, sur le débat public en dépassant les logiques électoralistes, pour la promotion par tous de la dignité humaine.

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