lundi 15 février 2016

LE CLIVAGE DETERMINANT AUJOURD'HUI EST AVANT TOUT SOCIETAL

Par Edouard in Boulevard Voltaire

L’économique n’est pas la cause mais l’image du chaos

Nos politiciens de tous bords ne semblent pas avoir compris que le clivage déterminant aujourd'hui est d'abord et avant tout sociétal.

Remaniement : contrairement à certaines rumeurs, Macron a sauvé sa tête. Pas sûr que ça plaise à tout le monde, à gauche comme à droite. Car s’il inquiète à gauche, il inquiète aussi à droite. En effet, il personnifie la fin du clivage gauche-droite par le marqueur économique. Face à cette nouvelle gauche, la vieille droite (Juppé, Sarkozy, Fillon) se découvre un problème d’identité.

Désormais, gauche et droite portent le même regard sur le rôle clef de l’économie. Même le FN, dans son désir de se rendre présentable, apporte sa contribution au primat de l’économique. Pourtant, toutes les mesures économiques et sociales visant à corriger les dysfonctionnements d’un système inducteur de chômage ne parviennent que provisoirement à en enrayer le mouvement. En fait, depuis les années 70, notre économie n’a jamais vraiment cessé d’être en crise. Afin d’interférer avec cette tendance perverse, les théoriciens de l’économie ravalent périodiquement la façade de la théorie. Mais, dès que l’interférence a produit ses effets, le système retrouve son irrégularité inexplicable. Le comportement désordonné de notre économie reste stable quoi qu’il arrive. Nos technocrates persistent à croire qu’éliminer ses éléments perturbateurs internes permettra au système d’évoluer vers un état stationnaire. C’est ignorer que, loin d’être auto-organisé, ce système est engendré et régulé par les mêmes variations non linéaires à l’origine de l’agitation sociétale qui entoure le système. Seule la théorie du chaos permet de comprendre cela.

Il faut cesser de regarder le sociétal, lieu de l’agitation, comme l’élément marginal, voire la poubelle de l’économie. Il en est le creuset chaotique. L’attention doit donc se tourner vers ces agitations négligées, voire niées, qui environnent le système : montée de l’islam, tyrannie du politiquement correct, spéculations identitaires, Manif pour tous… L’opposition historique entre valeurs libérales et valeurs de progrès laisse place au clivage qui oppose ceux qui croient encore en la cohérence foncière et heureuse de notre système à ceux qui pointent son incohérence viscérale. Ceux qui expliquent notre système à travers la seule grille économique croient en sa cohérence. Ceux qui le voient comme un chaos stable s’attachent à en dénoncer les incohérences. Or, parmi ces derniers cohabitent des gens plus ou moins fréquentables : des gens en quête de sens qui s’inquiètent de voir la France perdre son âme, comme Finkielkraut ou le général Piquemal, et les pourvoyeurs de Daech et consort qui précipitent notre pays dans le non-sens et la perte de son âme.

Nos politiciens de tous bords ne semblent pas avoir compris que le clivage déterminant aujourd’hui est d’abord et avant tout sociétal. C’est pourtant en assumant ce nouveau regard que l’on rétablira un débat démocratique.

Jean-Claude Marot

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