lundi 21 avril 2014

DES PATRONS MIS A L'INDEX POUR LEURS CONVICTIONS PRO-FAMILLE

Par Edouard in www.Famillechretienne.fr

Liberté d'expression – Les patrons pro-famille en ligne de mire

Par Jean-Claude Bésida


De Mozilla à Barilla, plusieurs affaires récentes illustrent une véritable stratégie d’offensive contre ceux qui défendent la vision traditionnelle du mariage.

Onze jours. Brendan Eich est resté directeur général de la société qu’il avait fondée pendant onze jours. Le conseil d’administration de la Mozilla Corporation, qui distribue le navigateur Web Firefox, l’avait nommé le 25 mars. Et le 4 avril il démissionnait. Son tort : avoir donné 1 000 $ pour une campagne en faveur du mariage traditionnel en Californie il y a six ans. À peine nommé, il fait l’objet d’une pétition, lancée par Credo Mobile, une société de téléphonie militante, qui demande sa tête. Et recueille 50 000 signatures en quelques jours. La cabale était lancée. Eich fit bien repentance – Mozilla allait désormais « écouter les communautés LGBT et leurs alliés » et « soutenir l’égalité pour tous y compris le mariage pour les couples lesbiens gays, bis et trans ». Peine perdue…


Aux États-Unis, une intolérance croissante

« Il y a seulement dix ans, la pression sur cet homme aurait été considérée comme injuste, intolérante et antiaméricaine. » Thomas F. Farr est un chercheur préoccupé. Il dirige le Berkley Center for Religion, Peace and World Affairs de l’université de Georgetown – la grande université jésuite de Washington, réputée pour son ouverture intellectuelle. Ancien diplomate, spécialiste de relations internationales, il étudie en particulier les atteintes à la liberté religieuse dans le monde. Pour lui, une ligne rouge a été franchie : « C’est le signe d’une intolérance croissante aux vues chrétiennes les plus classiques dans la société américaine. C’est très troublant. Rappelons les torts de cet homme : il a versé 1 000 $ pour une campagne (qui a d’ailleurs été un succès) - la proposition 8 sur laquelle il y a eu un référendum dans l’État de Californie a été acceptée par un vote très clair en faveur du mariage traditionnel. Ce n’était qu’il y a six ans, pas au Moyen Âge ! Aujourd’hui, en 2014, un homme qui a soutenu, à l’époque, de manière légale, une campagne politique légale, est stigmatisé comme un fanatique et un prêcheur de haine – ce qui est un mensonge absolu. Cette intolérance est l’antithèse des principes sur lesquels ce pays a été bâti ». Pour Thomas Farr, la plus haute instance judiciaire fédérale a une lourde responsabilité dans ce climat d’intolérance : « La Cour suprême a un poids énorme. En juin 2013, elle a tranché dans l’affaire Windsor : le Defense of Marriage Act [DOMA – loi qui définissait le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme] est anticonstitutionnel. Le juge Anthony Kennedy, qui a rédigé l’arrêt, a utilisé les mêmes accusations que celles auxquelles Brendan Eich est maintenant exposé. En expliquant que la défense du mariage traditionnel était motivée par de l’animosité ou de la haine envers les personnes homosexuelles, il a fait une erreur et un procès d’intention. En le faisant, il a légitimé ce genre d’amalgame. Il est aujourd’hui autorisé de caractériser comme prêcheurs de haine (“haters”) ou fanatiques (“bigots”) ceux qui conçoivent le mariage tel qu’il a été compris par tout le monde pendant des siècles. »

Thomas Farr n’est pas seul à trouver que trop, c’est trop. Dès le soir de la démission de Brendan Eich, l’animateur de talk-show Bill Maher tranchait sur la chaîne HBO, face à des invités qui tournaient autour du pot : « Moi, je pense qu’il y a une mafia gay, et que si vous croisez son chemin, vous êtes mort ». De même, le blogueur britannique Andrew Sullivan (lui-même homosexuel) et dont The Dish est un des blogs politiques américains les plus lus, dénonçait-il avec une grande netteté le scandale : « Quand la vie et la carrière des gens sont détruites, et qu’ils sont virés s’ils ne renient pas publiquement ce qui est chez eux une conviction sincère, alors une ligne rouge est franchie. C’est du maccarthysme appliqué par la société civile, et c’est la définition même de l’intolérance ».

En Italie, pression sur Barilla

De ce côté-ci de l’Atlantique, les affaires similaires se multiplient ces derniers temps. Au point que plusieurs experts parlent d’offensive systématique. Gianfranco Amato, avocat, dirige Juristes pour la vie, un réseau d’avocats pro-vie et pro-famille italien : « On peut définir Brendan Eich comme un Guido Barilla américain. Celui-ci avait affirmé que Barilla ne ferait “pas de publicité avec des homosexuels” car l’entreprise “reflétait l’image de la famille traditionnelle” et “ne pouvait pas plaire à tout le monde”. Après cela le patron italien s’était soumis à une exigence humiliante – des excuses publiques, filmées et diffusées dans une vidéo, selon la meilleure tradition de rééducation maoïste. Bref, la dictature culturelle du politiquement correct, avec son agenda gay friendly, a dégénéré en un authentique système totalitaire ».

Pour la petite histoire, cette rétractation de Guido Barilla n’a pas suffi. Convoqué au Conseil général d’Émilie-Romagne, l’industriel y a été confronté pendant deux heures à la LGBT italienne, sommé de recruter et de financer dans son entreprise un « conseil pour la diversité et l’inclusion », ce qu’il a annoncé avoir fait le 4 novembre 2013, en y nommant à sa tête David Mixner, un des leaders de la LGBT américaine. Malgré la soumission de Barilla, plusieurs associations homosexuelles maintenaient le boycott des produits Barilla.

« La méthode Barilla fait système », explique Massimo Introvigne, sociologue de Turin, qui représenta en 2011 l’Italie à l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) sur le terrain des « luttes contre le racisme, les discriminations et la xénophobie ». Dans le modèle qu’il a élaboré, l’offensive se déroule en trois phases. La première étape, c’est l’intolérance : « Il s’agit d’un phénomène culturel. Par les médias ou le cinéma, le roman ou le théâtre ou d’autres “œuvres d’art”, on crée une atmosphère où il devient permis de se moquer et de tourner en ridicule un groupe donné – par exemple le catholicisme et sa morale ou les partisans de la famille traditionnelle qui sont d’abord ridiculisés puis désignés comme ennemis de la félicité publique. Cette étape passe aussi par des pressions et des attaques sur les individus qui contestent ces vues ». L’étape suivante, c’est la discrimination. « On passe là au niveau législatif. Il s’agit de faire des lois attaquant la liberté de parole, l’objection de conscience ou les symboles religieux. En 2009, c’est le bannissement des crucifix des écoles italiennes – renversé en appel en 2011. En 2013, c’est l’affaire Eweida contre British Airways, où une employée a pu faire rétablir en appel son droit de porter une petite croix au cou. Ce sont aussi les procès intentés à ceux qui critiquent l’homosexualité – ainsi le cardinal Fernando Sebastián Aguilar, archevêque de Pampelune, a-t-il été attaqué en justice pour avoir osé dire en février de cette année que l’homosexualité était une “déficience” ».

Une loi italienne qui pourrait menacer l’Église

Et c’est là, pour Introvigne, qu’on passe à la troisième étape, les actions criminelles ouvertes, qui sont heureusement encore relativement rares. « Des gens se sentent autorisés à passer à l’acte. Les actions des Femen relèvent de ce registre, mais elles ne sont pas seules. Des églises sont vandalisées, des statues sont décapitées, des prêtres sont agressés en tant que tels. » Tout cela s’accompagne d’une redéfinition juridique dangereuse de ce qu’est l’incitation à la violence.

Pour Introvigne, « il faut limiter l’incitation à la violence à ce qu’elle est réellement : une personne appelle à des violences contre un groupe désigné. Étendre cela est très dangereux, évidemment quel que soit le groupe visé. Or, en ce moment, on observe un peu partout en Europe des tentatives pour criminaliser la parole. L’Italie est en train de créer une loi sur “l’homophobie et la transphobie”. Nous sommes tout à fait d’accord pour punir l’homophobie, si elle est interprétée comme agression physique, incitation à la violence, insultes manifestes. Pour cela, pas besoin d’une nouvelle loi ! Le diable se loge dans les détails, et en l’occurrence, le détail est une ligne de la loi qui punit de prison, jusqu’à un an, le discours qui “peut inciter à la discrimination”. Si on suit les partisans de cette loi, alors le simple fait de dire que le mariage ne devrait être qu’entre une femme et un homme est une incitation à la discrimination ! » Et potentiellement le Catéchisme de l’Église catholique peut tomber sous le coup de cette loi puisqu’il rappelle que les actes homosexuels sont « intrinsèquement désordonnés » et « contraires à la loi naturelle » (§ 2357).

Du coup, conclut Introvigne, on en vient à examiner des solutions « comme l’amendement Gitti [parlementaire du groupe Per l’Italia] qui vise à exclure du champ de la loi les propos tenus par des prêtres lorsqu’ils s’expriment à l’intérieur d’une église (au nom de la liberté religieuse), mais pas par exemple lorsqu’ils donnent une interview (au nom de la lutte contre l’homophobie) ». Naturellement, les promoteurs de la loi ne veulent pas même de cette petite restriction. La loi Scalfarotto, en cours d’examen au Sénat italien, devrait aboutir dans les mois qui viennent.

Dernier épisode de cette offensive globale : le 11 avril, la LGBT portait plainte contre Christine Boutin pour « diffamation et incitation à la haine ». Son tort ? Avoir prononcé, dans une interview publiée le 1er avril dans le magazine Charles, cette phrase : « L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. Le péché n’est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné ». Christine Boutin a eu beau admettre un « propos maladroit », cela n’a pas suffi à calmer la LGBT. La boucle est bouclée.

Jean-Claude Bésida

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