samedi 8 juin 2013

Propos de Pierre BERGE, la réaction de Frigide Barjot


Frigide Barjot a annoncé son intention de porter plainte contre l'homme d'affaires Pierre Bergé, qui l'accuse d'avoir «préparé le terrain» à l'agression de Clément Méric. La droite dénonce un «amalgame».
Être réactif pour ne pas laisser planer le doute. Dès l'annonce de l'agression d'un jeune militant antifasciste par des skinheads, mercredi soir, le collectif de la Manif pour tous a réagi sur son compte Twitter, adressant «ses pensées et son soutien» à la famille et aux proches de la victime. «La Manif pour tous renouvelle avec force sa condamnation de toute forme de violence», a ajouté l'association antimariage homosexuel. «Je ne laisserai personne nous accuser d'être responsables!», ajoutait sur son propre compte le porte-parole du collectif Xavier Bongibault.
Las. Quelques minutes plus tard, l'homme d'affaires Pierre Bergé, engagé en faveur du mariage pour tous, lâchait sur son compte Twitter : «Ce sont ces inconscients de la Manif pour tous qui ont préparé le terrain. En s'associant avec l'extrême droite, ils lui ont permis d'exister». Et d'ajouter, un peu plus tard: «L'immonde Barjot avait promis du sang, le voilà qui éclabousse la démocratie et la République. Cette Manif pour tous se rend-elle compte?»
Face à la violence de l'accusation,  Frigide Barjot a annoncé son intention de porter plainte contre Pierre Bergé pour diffamation. «Choquée», elle refuse d'être tenue responsable de la résurgence des groupements d'extrême droite observée en marge du mouvement antimariage pour tous. «Je ne peux rien avoir à voir avec ces groupuscules puisque dès que j'ai constaté qu'ils s'infiltraient dans la manif,  je n'y suis plus allée», explique-t-elle au Figaro, ajoutant être entrée dans une «phase d'apaisement démocratique» en lançant  son mouvement L'Avenir pour tous. Pour elle, «l'incitation à la violence vient du gouvernement», qui n'a «pas su écouter les manifestants», et de Pierre Bergé, «qui explique qu'on  peut “louer son ventre pour faire un enfant”».
«J'accuse Frigide Barjot d'avoir libéré des pulsions violentes»
Après la saillie de Pierre Bergé, d'autres mises en cause des opposants au mariage homosexuel ont suivi. Toujours sur Twitter, la députée socialiste de l'Hérault Anne-Yvonne Le Dain a évoqué un «drame de l'imbécillité, de la haine des autres, de la bête immonde levée pendant les manifs antimariage pour tous». «J'accuse Frigide Barjot d'avoir libéré des pulsions violentes qui ont directement conduit à cette agression. Elle a ouvert la porte aux serpents, explique-t-elle au  Lab. Quand elle  promet du sang par exemple, il y a des manières de dire les choses qui ont été prononcées qui vont au-delà de ce qui est acceptable».
«Il est grand temps que celles et ceux qui ont récemment entretenu des discours de haine et de violence s'interrogent en conscience sur les conséquences que leurs propos peuvent avoir sur les esprits dérangés de fanatiques violents», écrit Europe Ecologie-Les Verts dans un communiqué. Jean-Vincent Placé (EELV) a déploré une «droitisation extrême de la vie politique, regrettant que l'UMP, «parti républicain», ait manifesté contre une loi promulguée. De son côté, le Parti de gauche réclame «la dissolution des groupes d'extrême droite qui multiplient les actes de violence à Paris et à travers le pays depuis plusieurs semaines», allusion aux incidents qui ont émaillé les derniers rassemblements des opposants au mariage pour tous.
Des «amalgames choquants» pour la droite
«Tentative de récupération politique», «amalgame», ont répliqué certaines voix à droite. «Faire un amalgame avec la Manif pour Tous est ignoble, inqualifiable tout comme une récupération de cette nature alors qu'il faudrait de la dignité après de tels actes», s'est ainsi indigné le chef de file des députés UMP Christian Jacob dans les couloirs de l'Assemblée. La déléguée générale adjointe de l'UMP, Valérie Debord, a elle aussi dénoncé des «amalgames choquants et inacceptables». «Je ne vous laisserai pas (...) insulter des millions de Français qui ont le droit de s'opposer à vos projets sans être traités de fascistes», a réagi pour sa part l'eurodéputée Rachida Dati, qui a martelé son message sur Twitter:
«Oser faire le lien (...) entre l'assassin qui a battu à mort Clément Méric et les Français qui ont exprimé leur opinion à l'occasion de la ‘Manif pour tous', c'est jouer la récupération d'une manière indigne», a également dénoncé l'ancien ministre de l'Education nationale, Luc Chatel. Sur France 2 jeudi soir, l'ancien premier ministre François Fillon, interrogé sur le lien parfois établi entre cette attaque et une droitisation de la vie politique, y compris à l'UMP, a tranché: «C'est ridicule, cela n'a aucun sens. Chacun sait qu'il y a des débats au sein de la droite», «ce sont des débats politiques, mais assimiler les centaines de milliers de personnes qui ont manifesté pour des raisons profondes contre le mariage pour tous et puis des actes barbares comme cela, ce sont des amalgames qui sont eux-mêmes dangereux pour la République».
Un peu plus tôt dans la journée, le ministre de l'Intérieur,  Manuel Valls, avait reconnu se «méfier des amalgames», appelant «au rassemblement et à la sérénité».

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